Vaste programme.
Je me demande si 2009 suffira.
sans kilomètre/heure
On ne crache pas sur les cadeaux
Samedi 14 mars 2009 au stand Gibert Joseph/Mexique du Salon du Livre. La fièvre de la consommation s’est emparée de moi. Je scrute chaque table surchargée de livres, déjà aperçus pour la plupart, mais qui prennent soudain un visage si séduisant dans le contexte un peu pompier de la foire. Oui, la foire car, à quelques mètres de là, des saltimbanques en costume bien propre, maltraitent leurs tambours et parasitent ma recherche par la même occasion. Pour le plus grand plaisir des touristes appareils photos en mains, et de leur progéniture qui suit en poussette high-tech. Fin de la digression.
J’y laisserai une petite centaine d’euros, ce qui me vaudra un cadeau, et j’en viens au sujet de l’article, une nouvelle bilingue de Carlos Fuentes – sous la double bannière Gallimard/Gibert Joseph – intitulée Brillante/Brillant. Suivant qu’on la lit dans le texte ou non.
So what ? Une chute du Bonheur des familles, sans doute ?
Lorsque Carlos Fuentes s’ennuie, il enfante des monstres. Pauvre Caroline, qui cherche dans son fils, inexplicablement né brillant – c'est-à-dire du type doré, luciole d’or, vomisseur d’or, ce genre de fils-là, qui lui vaudra de vivre caché avec sa seule mère comme compagne – le retour de son mari qui a réussi à conjuguer petite et grande mort.
Elle le cherche si bien que lorsque son fils, inexplicablement silencieux entonne de la voix de son défunt père des « Merci Caroline » ou des colliers d’insultes, Caroline se refuse à ouvrir les yeux.
L'as de trèfle s'appelle Jean-Jacques
Caroline se fige dans un alter ego cannibale de (Gibert ?) Josef Fritzl (et c’est là que le texte entre étrangement en résonance avec l’actualité).
Seulement, on se plaît à penser que Caroline n’a jamais été mère. Caroline serait juste cette voisine que l’on voit parler à une personne imaginaire dans les escaliers, recouvrir d’un drap une statuette pour nous empêcher de voir son « trésor » doré. Son fils qui n’existe pas, réplique de son mari, qu’elle finit par tuer dans un élan de désir vers son défunt mari (Jean-Jacques).
C’est le douloureux sujet du deuil accidentel, de celui qu’on n’accepte pas, de cette chose horrible qui n’aurait jamais dû se passer alors qu’il restait encore tant à vivre.
C’est aussi peut-être une Vierge Marie moderne un peu fragile psychologiquement, engrossée par le Père pour accoucher du Fils. Ou quand Dieu aurait mieux fait de mettre un préservatif… (Benoît si tu m’entends…).
Une vingtaine de minutes de lecture : c’est un petit gâteau apéritif que nous offrent Gallimard et Gibert Joseph.
Et comme d’habitude avec les gâto-apéro, on les prend parce qu’on nous les offre.
Et il n’en reste jamais pour les retardataires… Si l’envie vous prend, peut-être en reste-t-il ? Cherchez un vendeur sympa chez Gibert ;-)
Je débute ici mon journal de lecture de Guerre et Paix (ou
Pourquoi Guerre et Paix, pourquoi un monument ? Sur lequel on a tout dit ? Etc. Etc. Etc. (j’en rajoute un peu). Parce que je suis en train de le lire, pardi ! Et qu’il n’y a pas d’âge pour (re)lire un classique. En l’occurrence, il s’agit de ma première lecture. Parce que c’est long et que je me paie un peu de XIXème siècle en lisant du feuilleton. J’arrive à la fin du livre II et un constat s’impose d’ores et déjà, à mes yeux.
Natacha l’adolescente
Je vais m’appesantir sur le personnage de Natacha Rostov. Sur lequel il m’est pour le moment impossible de tirer trop de conclusions, même si intuitivement, je sens qu’elle va encore nous en faire voir des vertes et des pas mûres. Jusqu’à présent, elle a servi de papier tue-mouche. Attirant à elle les Pierre, Boris, Dénissov et André, et leur tournant tous la tête.
Cherchant à épouser l’un puis l’autre, au gré de ses lubies. De ses caprices de jeune fille.Demandée en mariage à seize ans, cherchant le mariage à tout prix. On en serait presque à se demander ce qui la pousse dans les bras des hommes. Ou de l’homme en général. Voit-elle qu’elle fait de l’effet à un homme qu’elle s’imagine convolant avec lui le restant de ses jours.
Oui cette Natacha est tout bonnement détestable (je me laisse dépasser par mon enthousiasme… tant pis).
Par son inconstance. Par sa propension à se projeter dans les bras des objets/obstacles masculins sur son passage. Et par celle de chercher à jouir de, et utiliser, son entourage selon son bon plaisir.
Natacha le Cancer. Portrait astro.
Natacha, finalement, c’est un archétype astrologique du Cancer. Le signe gouvernée par l’inconstante Lune. Artiste – elle chante divinement bien, populaire, aimante, crédule, capricieuse, qualités et défauts vendus avec. Un certain égoïsme amoureux, une faculté à se représenter l’amour qui y ajoutent la touche du vénusienne/Lion. Je n’ai trouvé nulle part dans les fragments de biographie de Léon qu’ils s’intéressaient à l’astrologie. Je vois plutôt dans le portrait romantique de
Natacha l’expression fantasmée de son modèle de femme idéale.
Si l’on regarde la carte du ciel de l’ami Léon :
Ascendant Cancer, Vénus Lion : Voilà où se trouve Natacha, dans les propres désirs de Tolstoï. Natacha, c’est Sophie Bers, celle qui deviendra sa femme. Rencontrée en 1862. De 16 ans sa cadette… Comment ne pas voir dans la relation entre André (dont la dominante Capricorne/Vierge apparaît clairement à tout astrologue) et Natacha un miroir de sa propre vie ?
Quand ça va vite...
Il est question de vitesse dans Death Proof.
Ca tombe bien.
La vitesse à laquelle on s’aperçoit qu’il ne nous reste plus que quelques minutes à vivre.
Ou à peine une seconde.
La vitesse à laquelle il faut lancer une Dodge Challenger RT pour rattraper un pervers.
La vitesse à laquelle roulent les hanches d’une fraîche actrice holywoodienne.
La vitesse à laquelle les souvenirs du boulevard de la mort s’estompe.
La vitesse à laquelle Vanessa Ferlito enfonce l’impuissance de Kurt Russel tout au fond, dans les tréfonds de la ville-chaos. La ville-tumeur de Fresan. La ville des jeunes poètes asphyxiant leur propre mère, en faisant une clocharde, bonne et folle à la fois, Mexico de Bolano.
La ville cadavre.
Quel meilleur hommage à l’armada mexicaine qui sévit en ce moment, et pour notre plus grand plaisir, exposée dans les allées froides d’un salon du livre bien trop propre, un poil trop en place, un poil trop rangé ?
Un poil que je me résous à franchir. A cisailler en guise d'inauguration.
Enfin pas besoin de bouder mon plaisir.
La vitesse, la mort, les filles.
Les séries B puisent inconsciemment dans la littérature.
Un dernier conseil :