dimanche 14 juin 2009

A seed of hate... Electric Wizard. Forme, fond et sens(s)



Ca commence comme ça, et ça s'écoute au casque:

A seed of hate from the day I was born,
My right to vengeance from me has been torn...


Les guitares/basses sont sous-accordées, lentes, lourdes, vrombissantes presque monocordes, elles font résonner les os du crâne, elles bercent ; la voix, elle, est lointaine. Ce qui a l'avantage de reproduire les conditions de l'anesthésie.
La léthargie flirte ici avec le nihilisme, cynisme, premier degré, folklore satanique des paroles - on peut mettre un peu tout ce qu'on veut - qui donne une petite touche subversive à l'ensemble. Mais seulement comme on choisit un titre "pour faire vendre", ce titre est réellement subversif, seuls les naïfs verront du dangereux.

Car paroles ou non, c'est ici la musique, l'intonation, la production crasseuse (et surtout le tout mis ensemble) qui font passer le message. Qui relègue la signification "seed of hate", "we hate you" à un second rang salvateur, qui, entre autres, me permet d'écouter ce morceau en évitant la poussée d'acnée.

J'y vois une piste à explorer pour la littérature. A explorer au moins par moi, après tout. Un peu à la manière du Dangerous Writing d'un Tom Spanbauer, repris par Palahniuk. Il s'agit d'aller chercher, peurs, instincts, bassesses, tout ce cliché en négatif de soi qui remue les entrailles. Et de le faire émerger. Me reste à savoir quoi en faire une fois que je l'aurai sur les bras, comment le sculpter.

Il y a ce qui relève du sens, et ce qui l'enrobe : on a trop tendance à superposer fond et sens. Le sens ne tolère pas l'imprécision, le nébuleux. Le sens me semble scientifique et unique. Le fond lui est opaque, et en reflets. Le fond, c'est par exemple, les centaines de sens qu'on trouve au même passage d'Au dessous du volcan.

Le fond, c'est ce puits sans fond dans lequel creuse une partie de la littérature contemporaine (les Sada, les Bolaño, les Pynchon, les Senges...). C'est la fragmentation. L'agencement, les ré-agencements, plus que la forme, ce sont les liants qui cimentent les sens. C'est cette façon de noyer le sens dans le nébuleux, pour enrichir le fond.

Parfois, je me demande si il ne s'agit pas tout simplement de la ré-incorporation du mystique, du religieux dans la vie des hommes.

Je me pose ce genre de questions, oui, pas dit que j'avance beaucoup, mais au moins elles sont là. Reste à y inscrire des œuvres.

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